KKK

L’origine

Aucun chapitre de l’histoire américaine n’est plus étrange que celui qui porte le titre de « Ku Klux Klan ». L’organisation qui a porté ce nom a disparu comme elle est née, enveloppée du plus grand mystère. Ses membres ont refusé de dévoiler ses origines ; d’autres n’ont pas pu le faire. Même la commission d’enquête instituée par le Congrès a été déconcertée. Les volumineux rapports qui contiennent les conclusions de l’enquête fastidieuse et diligente de cette commission ne révèlent pas quand, où et comment le Ku Klux Klan fut fondé. Le voile du secret plane toujours sur sa tombe. Nous nous proposons de le lever.

Il est temps de faire découvrir au public l’histoire de l’origine, du développement et de la décadence finale de « l’Empire Invisible ». Il n’est pas nécessaire de donner des détails sur les circonstances qui ont permis à l’auteur de rédiger une telle histoire. Pour des raisons évidentes, les noms des personnes ne sont pas divulgués. Mais le lecteur peut être assuré que ce récit est tiré de sources exactes et authentiques.

L’auteur ne prétend pas être en mesure de révéler les signes secrets, les poignées et les mots de passe de l’ordre. Ceux-ci n’ont jamais été divulgués et ne le seront probablement jamais. Cependant, nous prétendons raconter des faits relatifs à l’ordre qui ont une valeur historique et philosophique. Celui qui étudie la nature humaine, les hommes d’État et les hommes qui ont participé à ce mouvement méritent que les faits liés à cet épisode remarquable de l’histoire de notre nation soient relatés de manière franche et équitable, comme le demande la vérité historique. Il arrive souvent qu’une vague d’enthousiasme se propage par contagion jusqu’à ce que l’esprit de tout un peuple soit en ébullition.

Le Ku Klux Klan fut un mouvement unique en raison des causes qui produisirent et entretinrent cet enthousiasme. Il illustre le pouvoir étrange et irrésistible de l’inconnu et du mystère sur l’esprit des hommes de toutes classes et de toutes conditions. Il illustre comment les hommes peuvent être emportés loin de leurs amarres par des circonstances et des conditions qu’ils ont en partie créées eux-mêmes et dériver dans une direction contre laquelle la raison et le jugement s’élèvent.

Selon l’opinion populaire le mouvement Ku Klux fut inspiré par la malveillance et alimenté par les préjugés et la haine, dans le but de promouvoir l’anarchie, la rapine et le meurtre. Les circonstances dans lesquelles le Klan se fit connaître étaient de nature à favoriser de telles conclusions. Aucune autre ne semblait possible.

Elles furent confirmées par le rapport de la commission d’enquête du Congrès. Même si ce rapport est exact, comme tout ce que l’on sait du Ku Klux, il s’agit d’une vérité fragmentaire. Toute l’histoire n’a jamais été relatée. L’impression dominante est que le Ku Klux Klan fut conçu et mis en œuvre exclusivement dans le but de faire le mal. Le lecteur qui suivra ce récit jusqu’au bout décidera, à la lumière des faits, si cette impression est juste et vraie.

Le Ku Klux Klan naquit des conditions sociales, civiles et politiques particulières qui prévalaient dans le Sud entre 1865 et 1869. Il fut le produit de ces conditions aussi bien que la malaria l’est d’un marécage et de la chaleur du soleil. Il vit le jour à Pulaski, la capitale de Giles, l’un des comtés du sud du Middle Tennessee.

La ville de Pulaski compte environ trois mille habitants. Avant la guerre, ses habitants étaient riches et cultivés – ils sont toujours cultivés. Leurs richesses furent englouties dans le naufrage général. Leur plus étroite fréquentation ne révèle aucune trace du diabolisme qui, selon l’opinion générale, devrait caractériser les gens parmi lesquels le Ku Klux Klan vit le jour.

Pulaski abrite un collège de garçons et un séminaire de filles, qui bénéficient d’un patronage généreux. C’est une ville d’églises.

C’est là, en 1866, que le nom de Ku Klux fut prononcé pour la première fois. C’est là que naquit un mouvement qui, en peu de temps, s’étendit au nord jusqu’à la Virginie et au sud jusqu’au Texas et qui, pendant un certain temps, déchaîna des convulsions dans le pays et attira l’attention du monde civilisé. Le Président et les gouverneurs des Etats fulminèrent des proclamations contre le Klan ; les législatures des États et de la nation promulguèrent des lois qui leur étaient hostiles.

Finalement, les choses se calmèrent, mais pas avant que le nom de Ku Klux ne soit associé à des erreurs grossières et à des actes de violence anarchique. Aujourd’hui encore, ce nom suscite la crainte et l’effroi dans certaines localités.

Pulaski resta le siège central de l’autorité du Klan tout au long de son existence. Certains de ses principaux dirigeants y résidaient. Ce récit se concentrera donc sur l’évolution du Klan et sur les mesures prises pour l’interdire dans le Tennessee.

Pour bien comprendre le mouvement, il est nécessaire d’observer que l’histoire du Klan est divisée en deux périodes distinctes et bien définies.

La première période s’étend de son organisation, en 1866, jusqu’à l »été 1867. La seconde, de l’été 1867 à sa dissolution, au début de l’année 1869. La première période ne présente pas grand intérêt, mais il est nécessaire de la décrire en détail, en raison de son influence sur les événements ultérieurs. A la fin de la guerre, les jeunes gens de Pulaski qui avaient échappé à la mort sur le champ de bataille rentrèrent chez eux et connurent une période d’inactivité forcée. A certains égards, elle fut plus difficile à supporter que l’épreuve de la guerre qu’ils venaient de surmonter. Ils subirent le contrecoup de l’enthousiasme que leur avaient donné le service dans l’armée et les combats. Il n’y eut rien à faire. Ils n’étaient pas en mesure d’exercer immédiatement une activité commerciale ou professionnelle. Ils avaient perdu l’habitude de travailler. Rares étaient ceux qui disposaient du capital nécessaire pour se lancer dans des activités commerciales ou agricoles. Ils étaient totalement privés de ces amusements et de ces distractions qui ne se trouvent que dans des conditions sociales normales.

Un soir de mai 1866, certains de ces jeunes gens discutaient dans le bureau de l’un des membres les plus éminents du barreau de Pulaski, quant l’un d’entre eux dit : « Les garçons, formons un club ou une société quelconque. » La proposition fut accueillie avec enthousiasme. Avant de se séparer, ils convinrent d’inviter d’autres personnes, dont ils citèrent les noms, à se joindre à eux et de se retrouver le lendemain soir au même endroit. A l’heure dite, huit ou dix jeunes gens s’étaient rassemblés. Ils mirent en place une organisation provisoire et élurent un président et un secrétaire. Les membres étaient tous d’accord sur l’objectif, qui était de se distraire et de s’amuser. Ils passèrent la soirée à discuter des meilleurs moyens de l’atteindre. Ils nommèrent deux comités, l’un pour choisir un nom, l’autre pour préparer les statuts de la société et un rituel pour l’initiation des nouveaux membres. Avant de lever la séance, ils se mirent d’accord pour se réunir la semaine suivante afin d’entendre les rapports de ces comités et d’agir en conséquence. Avant l’heure fixée pour la prochaine réunion, l’un des citoyens les plus riches et les plus éminents de Pulaski se rendit en voyage d’affaires avec sa famille à Columbus, Mississippi. Avant de partir, il fit appel à l’un des dirigeants de la nouvelle société pour qu’il s’occupe de sa maison et qu’il y dorme pendant son absence. Ce jeune homme invita ses camarades à se joindre à lui. C’est ainsi que le lieu de réunion, qui était auparavant le cabinet d’avocats, fut transféré dans cette résidence. Le propriétaire survécut au Ku Klux Klan et mourut sans savoir que sa maison était l’endroit où son organisation avait été mise au point. Cette demeure devint ensuite la propriété du juge H. M. Spofford, plus connu sous le nom de Spofford-Kellogg. Il y vécut jusqu’à sa mort et elle appartient toujours à sa veuve. Le comité chargé de choisir un nom déclara qu’il avait trouvé la tâche difficile et qu’il n’avait pas pris de décision. Il expliqua qu’ils avaient essayé de trouver ou d’inventer un nom qui refléterait dans une certaine mesure le caractère et l’objet de la société. Il en mentionna plusieurs qu’il avait envisagés. L’un de ces noms était « Kukloi« , tiré du mot grec « Kuklos« , qui signifie rond ou cercle. A la mention de ce nom, quelqu’un s’écria : « Appelez-le Ku Klux ». Le mot de « Klan » s’imposa immédiatement et fut ajouté pour renforcer l’allitération. Ainsi, au lieu d’adopter, comme c’était leur intention initiale, un nom qui avait une signification précise, ils en choisirent un qui, pour celui qui le proposa et pour tous les autres, n’en avait absolument aucune.

Cet incident banal et apparemment fortuit eut une incidence considérable sur l’avenir de l’organisation si singulièrement nommée. Si l’on se penche sur l’histoire du Klan et sur les causes de son développement, on ne peut s’empêcher de conclure que l’ordre n’aurait jamais atteint les proportions qu’il prit par la suite ni exercé le pouvoir qu’il eut s’il n’avait pas porté ce nom ou un autre tout aussi dénué de sens et mystérieux – mystérieux parce que dénué de sens. Si elle avait pris, par exemple, le nom de « Jolly Jokers » ou d’ »Adelphi », l’organisation n’aurait sans doute pas eu plus que la simple existence locale et éphémère que celle que ses fondateurs pensaient qu’elle aurait. Des centaines de sociétés similaires virent le jour avant de disparaître peu après. Mais le nom même de Ku Klux Klan avait un pouvoir étrange. Laissons le lecteur le prononcer à voix haute. Le son qu’il produit évoque des os qui s’entrechoquent ! La puissance du nom ne se limite pas à l’impression qu’il produit sur le grand public. Il est singulier que les membres du Klan aient été les premiers à ressentir son étrange influence ; ils avaient adopté un nom mystérieux. Le plan initial fut donc modifié pour que tout ce qui était lié à l’ordre soit en accord avec son nom. Le but était toujours de s’amuser. Mais les voies qu’on se proposait d’emprunter pour y parvenir étaient désormais celles du secret et du mystère. Ainsi, lors de l’examen du rapport de la commission du règlement et du rituel, les recommandations furent adaptées à la nouvelle conception. Le rapport, tel qu’il fut finalement adopté, prévoyait les officiers suivants : un Grand Cyclope, ou Président ; un Grand Mage, ou Vice-président ; un Grand Turc, ou Maréchal ; un Grand Échiquier, ou Trésorier ; deux licteurs. Ces derniers étaient respectivement la garde extérieure et intérieure de l’ »antre », comme l’on nommait le lieu de réunion.

La seule obligation imposée aux membres était de garder un secret profond et absolu sur l’ordre et tout ce qui s’y rapportait. Cette obligation interdisait à ceux qui l’assumaient de divulguer leur appartenance au Ku Klux ou le nom de tout autre membre et de solliciter quiconque pour qu’il en devienne membre. Cette dernière exigence était singulière. Elle fut adoptée pour deux raisons.

Premièrement, elle répondait à la volonté de s’entourer d’autant de mystéres que possible et de jouer ainsi sur la curiosité du public.

Deuxièmement et surtout, elle fut conçue pour éviter les désagréments consécutifs aux initiations. On souhaitait pouvoir dire aux novices : « Vous êtes ici à votre propre demande et non à notre invitation. » On désirait des adhésions ; il était indispensable d’en avoir ; mais on connaissait suffisamment bien la nature humaine pour savoir que, si l’on donnait l’impression de vouloir être exclusif et sélectif, les demandes d’adhésion seraient nombreuses. La suite démontra qu’on raisonnait juste.

Chaque membre devait se munir des accessoires suivants : un masque blanc, percé de trous pour les yeux et le nez ; un grand chapeau bizarre en carton, confectionné de manière à augmenter la taille apparente de celui qui le portait ; une robe ou un vêtement d’une longueur suffisante pour couvrir toute la personne. Aucune couleur ou matière particulière n’était prescrite.

Celles-ci étaient laissées au goût et à la fantaisie de chacun, qui choisissait ce qui, à son avis, était le plus hideux et le plus bizarre, dans le but d’inspirer le plus de curiosité au novice. Ces robes, de différentes couleurs et souvent ornées de calicots « Dolly Varden » aux motifs les plus voyants, ajoutaient considérablement à l’aspect grotesque du Klan assemblé.

Chaque membre portait également un petit sifflet, avec lequel ils communiquaient entre eux au moyen d’un code de signaux convenu. Ce dispositif n’avait d’autre fonction que de susciter la curiosité. Il s’agissait simplement de s’amuser – rien de plus.

Quelques jeunes hommes, que les circonstances empêchaient d’exercer une activité commerciale ou professionnelle et qui étaient privés des distractions ordinaires de la vie sociale, cherchaient à se distraire et à s’employer.

L’organisation de ce Klan était pour eux à la fois une distraction et une occupation.

Mais où était le plaisir ?

Il était en partie d’exciter la curiosité du public, puis de le déconcerter ; mais surtout d’initier de nouveaux membres.

Le rituel de l’initiation était élaboré, mais ne mérite pas d’être reproduit.

Il suffit de dire qu’il reprenait les principales caractéristiques du rituel d’un ordre qui est populaire depuis longtemps dans les collèges et les universités sous divers noms. Dans un endroit, il s’agit des « Fils de Confucius » ; dans un autre, du « Guiasticutus » ; mais partout, de l’ »Ancien et Honorable » et du « Boute-En-Train » (« Mirth-Provoking »).

Les initiations se déroulèrent d’abord dans le cabinet d’avocats où avait été proposée la formation du Klan. Mais ce n’était pas un lieu approprié. La pièce était petite. Elle était située à proximité du quartier d’affaires de la ville et, lors des séances, on ne se sentait jamais tout à fait à l’abri d’une interruption.

On découvrit bientôt un endroit à tous égards mieux adapté aux objectifs.

Au sommet d’une crête qui longe la périphérie ouest de la ville s’élevait autrefois une belle et grande demeure. Le bâtiment principal était en briques, le « L » en bois.

En décembre 1865, la partie en brique de cette maison avait été détruite par un cyclone. Le « L » était resté debout, mais sans occupant. Il était constitué de trois pièces. Un escalier menait de l’une d’elles à une grande cave située en dessous. Il n’y avait pas d’autres maisons à proximité. Autour de ces ruines se trouvaient des troncs d’arbres déchirés et ébranchés par la tempête, qui formaient autrefois un magnifique bosquet. Désormais, ils se dressaient, sinistres et décharnés, comme des sentinelles. C’était un lieu lugubre, désolé et inquiétant. Mais il était en tout point le plus adapté à une « antre » et le Klan se l’était approprié.

Lorsqu’une réunion avait lieu, un licteur était posté près de la maison, l’autre à cinquante mètres de celle-ci, sur la route menant à la ville. Ils étaient vêtus du costume étrange de l’ordre et arboraient d’énormes lances comme symbole de leur fonction.

Comme indiqué précédemment et pour les raisons invoquées, le Ku Klux n’était pas un parti prosélyte ; pourtant, il recevait des demandes d’adhésion.

Bien qu’il ait été interdit aux membres de révéler leur appartenance à l’organisation, ils étaient autorisés à s’entretenir avec des non initiés de tout ce qui était connu de tous sur l’ordre. S’ils le souhaitaient, les membres pouvaient dire à des non initiés : « Je vais devenir membre du Ku Klux ».

Si les personnes à qui ils s’adressaient exprimaient le désir de faire de même, le Ku Klux, s’il jugeait leur adhésion souhaitable, leur disait : « Eh bien, je pense savoir comment en devenir membre. Rendez-vous à tel endroit, tel soir, à telle heure… ». D’autres stratagèmes similaires étaient utilisés pour recruter des membres sans solliciter quiconque directement. En règle générale, la curiosité l’emportait sur toute autre considération et le candidat attendait à l’endroit convenu.

Dès que le Ku Klux et le candidat s’approchaient du licteur, celui-ci les hélait, leur ordonnait de s’arrêter et les interrogeait.

Une fois qu’il avait reçu l’assurance qu’ils souhaitaient devenir Ku Klux, le licteur donnait le signal à son compagnon pour qu’il prenne en charge les novices. Le candidat, qui pensait que son compagnon était traité de la même façon que lui, était conduit les yeux bandés à l’ »antre ». Les préliminaires de l’initiation consistaient à faire traverser au candidat toutes les pièces et à le faire descendre dans la cave, en plaçant de temps en temps devant lui des obstacles qui ajoutaient à son inconfort, sinon à sa mystification. Après quelques rudes épreuves de ce genre, il était conduit devant le Grand Cyclope, qui lui adressait solennellement de nombreuses questions. Certaines de ces questions étaient sérieuses et il arrivait qu’une mauvaise réponse entraîne le rejet de sa candidature. Pour la plupart, elles étaient totalement absurdes.

Si ses réponses étaient satisfaisantes, l’obligation du secret, qui avait déjà été exigée de lui, lui était imposée une seconde fois. Puis le Grand Cyclope ordonnait :

« Placez-le devant l’autel royal et coiffez-le de la couronne royale ».

L’« autel royal » était un grand miroir. La « couronne royale » était un immense chapeau, orné de deux énormes oreilles d’âne. Une fois affublé de ce couvre-chef, le candidat était placé devant le miroir et on lui demandait de répéter le couplet :

« O wad some power the giftie gie us
To see oursel’s as ithers see us.  » (*)
[« J’aimerais que ce don nous donne le pouvoir
De nous voir comme les autres nous voient. »]

Lorsque le dernier mot s’échappait de ses lèvres, le Grand Turc lui ôtait le bandeau des yeux et le candidat se retrouvait devant sa propre image ridicule dans le miroir. Pour accroître l’embarras et le dépit que tout homme dans une telle situation devait naturellement ressentir, le retrait du bandeau donnait au Klan le signal de se livrer aux festivités les plus désopilantes et les plus endiablées.

Le Grand Cyclope relâchait la rigueur de la règle, le décorum, jusqu’alors gardé, disparaissait et l’« antre » retentissait de cris et de rires ; pire que tout, en regardant autour de lui, l’initié s’apercevait qu’il était entouré d’hommes vêtus d’habits hideux et masqués, de sorte qu’il ne pouvait en reconnaître un seul.

Le caractère de ces procédures initiatiques explique pourquoi, dès le début, on insista tant sur le secret. Une seule « histoire d’école » aurait gâché le plaisir. Pour la même raison, le Klan, au début de son histoire, était attentif au caractère des nouveaux membres. Les hommes téméraires et imprudents, ceux sur lesquels on ne pouvait pas compter pour respecter leur obligation de secret, étaient exclus. On n’admettait pas non plus ceux qui étaient sous la dépendance d’une substance toxicomanogène. Plus tard, ils ne furent pas aussi prudents, mais, au début de son existence, le Klan était composé d’hommes qui avaient de bonnes habitudes.

Dans certains cas, des personnes qui n’étaient pas considérées comme remplissant les conditions pour devenir membre ou qui étaient indésirables se montraient tellement pressantes que leur insistance était parfois réprimandée avec plus de dureté que de douceur.

Un jeune homme souhaitait ardemment devenir un Ku Klux. La seule objection qu’on lui opposa était sa jeunesse. Lorsqu’il se présenta devant le Lictor, celui-ci l’accueillit avec gentillesse et le conduisit, les yeux bandés, dans un lieu isolé « au-delà de la colline et au loin » et l’y laissa en lui recommandant d’« attendre là jusqu’à ce qu’on l’appelle ». Après des heures d’attente épuisante, le jeune homme ôta le bandeau de ses yeux et chercha l’abri du toit paternel.

Un autre, plus âgé, mais que, pour une raison quelconque, le Klan jugeait indésirable, tenta d’en devenir membre à plusieurs reprises. Pour son bénéfice particulier, on organisa une initiation qui n’était pas prévue dans le rituel. On tint une réunion au sommet d’une colline qui s’élève en pente douce jusqu’à une hauteur considérable, à la limite nord de Pulaski. Le candidat, selon la procédure habituelle (à l’exception du bandeau), fut conduit devant le Grand Cyclope. Ce dignitaire se tenait sur une souche. Le chapeau haut de forme, la robe flottante et la position élevée lui donnaient l’air de mesurer au moins trois mètres de haut. Il adressa au candidat quelques questions insignifiantes et absurdes, puis, se tournant vers les licteurs, il dit : « Bandez les yeux du candidat et continuez ».

La « procédure » dans ce cas était de placer le futur Ku Klux dans un tonneau prévu à cet effet et de l’envoyer rouler jusqu’en bas de la colline ! Il est à noter qu’il ne révéla jamais les secrets du Ku Klux Klan.

Ces détails ont une incidence importante sur l’histoire ultérieure du Ku Klux Klan. Ils montrent que les fondateurs du Klan n’avaient pas l’intention de commettre une quelconque trahison ou d’enfreindre la loi. Pourtant, l’histoire ultérieure du Klan fut naturellement le résultat des mesures et des méthodes qui caractérisaient sa première période. Ses promoteurs ne s’attendaient pas à ce qu’il s’étende. Ils pensaient qu’il « aurait son jour de gloire et mourrait ». Il vécut ; il prit des proportions considérables.

(*) Ce couplet est du poète, parolier et fermier écossais Robert Burns (1759-1796).

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